20 juin 2018

Marie Mathématique, nouveau clip : Le grand bal du château de Londres


02 juin 2018

Album release & Interview: Greetings from the Beloved Ghosts


Nom: Greetings from the Beloved Ghosts
Profession: duo pop/lo-fi
Adresse: Clermont-Ferrand
Age: C'est pas poli de demander
Taille: 12 titres
Poids: 55 grammes
Enfant(s): 1 (prénom: "Sticky Memories")

Un monsieur, une demoiselle, un album 12 titres qui rappelle les meilleurs heures de l'indie pop british, le tout mixé au broyeur DIY...un omnichord, une boite à rythme...un je(ux)-m'en-foutisme joussif qui, à l'instar des premiers Pastels, cache une vraie qualité de songwriting...nous sommes super contents de sortir le premier album du groupe; intitulé "Sticky Memories". A écouter/telecharger/commander(la cassette) d'urgence par ici: SHOP

Quelques questions, quelques réponses, faisons un peu connaissance :

Lunadélia: Tout d'abord, pouvez-vous confirmer que Greetings from the Beloved Ghosts n'est pas le side-project de Damon Albarn, incognito en Auvergne, échappé de ses obligations londoniennes?

Nuuskaa P. : Je confirme. Honnêtement, qu'est-ce que serait venu foutre le divin Damon en Auvergne? A vrai dire, on m'a souvent ramené que je chantais comme lui. Le fait que j'ai été complètement fan de Blur dans ma prime adolescence a sans doute un rapport avec ça. Y a aussi une histoire de timbre sans doute. On a aussi un autre point commun : l'Islande. Il y a une maison (et un studio, je crois). Moi, j'y ai vécu un an, et c'est sur cette île, très propice à la création, que j'ai effectué ma mue en songwriter.

Let's get technical : comment s'est passé l'enregistrement du disque? Quels micros? Quels amplis? L'omnichord? Vous deux ou avec des amis? Le matin ou le soir? Et surtout, pourquoi enregistrer un disque? C'est quoi pour vous ce disque? Ces "Sticky Memories", ces "souvenirs qui collent"?

Margot: Quand on s'est rencontré en octobre dernier, je lui ai parlé de cette envie, qui bouillonnait au fond de moi depuis 5 ans, d'avoir un omnichord. C'est une sorte de synthé à touches (accords majeurs/mineurs/7ème) avec une espèce de harpinette tactile pour faire la mélodie. Comme c'est assez atypique, et avec nos goûts musicaux respectifs qui s'alignaient parfaitement, on s'est dit que ça pourrait faire un chouette combo! Alors j'ai vendu un de mes synthés pour dégoter ce bel objet des années 80.

Nuuska P. : Au bout de quelques moi, on était prêt à sortir du bois et faire des concerts. Mais comme il fallait bien avoir quelques trucs à écouter pour être programmé dans les bars ou quoi, on a enregistré quelques unes de nos chansons, à la maison. J'ai une carte son qui tient la route, et comme j'en avais plus j'ai investi dans un bon micro Rode qui me semblait aussi bien pour enregistrer la voix que n'importe quel instrument. L'omnichord et la boite à rythme sont branchés directement sur la carte son et un peu bidouillés au mixage. L'ampli que j'utilise pour les grattes est très mignon, c'est une Epiphone à lampes pour enfant: un bouton pour l'allumer, et une molette pour le volume! Point barre. C'est parfait pour moi, car je déteste les choses trop compliquées et trop techniques. Quand vous nous avez proposé de sortir un album sur Lunadélia, ça nous a motivé à enregistrer les autres chansons qu'on avait en stock ou composées entre temps. Et on a demandé au batteur des Wendy Darlings, parce qu'il est à fond sur ce qu'on fait, et tellement cool, de poser quelques lignes de basse sur quelques morceaux. En quelques après-midi et soirées un peu intensives, c'était réglé! J'aime bien quand les choses se font vite et sans tortiller du cul.

M : Nos chemins vont malheureusement se séparer en juillet (bien que nous ne serons pas si éloignés que cela), Nuuska P. à Lille et moi à Brighton, alors enregistrer un disque permet de laisser une trace de ce projet éphémère, qu'on a pris goût à faire, mais aussi de cette jolie amitié qui s'est créée, ce qui nous a permis de surmonter cette années laborieuse sur Clermont!

N : On charrie avec nous des histoires d'amour assez longues et bien passionnelles, qui se sont méchamment cassées la figure à peu près au même moment,, alors qu'on ne se connaissait pas. Et, l'un comme l'autre, on a bien du mal à en faire le deuil. On s'est bien retrouvé là dessus. Ces "sticky memories" qu'on a ruminés jusqu'à la nausée, qui nous empêche d'avancer, et qui ne nous lâchent pas, elles sont liées à ça. Les "beloved ghosts", ce n'est pas nous mais les personnes qu'on a aimé, perdu et qui continuent de nous hanter. On essaie avec ces chansons de les acceuillir et de s'en libérer comme on peut.

L'un l'autre en 3 adjectifs. Le groupe en un mot!

M : Je dirais que Nusska P. est un matou complètement ordinaire, dépourvu de toute sensibilité et pantouflard! le groupe en un mot? Je dirais POPpy!

N: Margot est un pingouin généreux, totalement obsessionnel et calmement nerveux. Pour le groupe: débonnaire!

Des influences revendiquées? (ou non déclarée à la douane? Rien ne transpirera, promis)

M : Je suis passée par plusieurs périodes, mais celle qui m'a principalement marqué pendant mon adolescence a été la britpop, d'où ma passion pour la culture anglaise. Ces dernières années j'ai été envoûtée par la dream pop et les douces mélodies de Beach House ou Youth Lagoon, pour finalement dériver sur d'autre branches de la pop. Je pourrais citer les groupes C86 (Velocity Girl de Primal Scream étant la meilleure chanson pop au monde!) ou du label Sarah Records, mais aussi Lispector, Frankie Cosmos, Deerrhunter, Ulrika Spacek et j'en passe!

N : C'est toujours un peu raide comme question, parce qu'on est tous les deux des gros mordus de musique et c'est des fois difficile de savoir ce qui t'influence plus particulièrement. Je dirais tous les songwriters/songwriteuses qui savent allier bonhomie et bizarrerie dans un souci d'efficacité mélodique. Kevin Ayers, Michael Yonkers, Lee Hazlewood, Syd Barrett ou, dans un registre plus lyrique, Scott Walker pour les "anciens". Aujourd'hui j'admire des orfèvre de la pop parfaite comme C. Duncan ou Meylir Jones mais je sais bien que je ne ferai sans doute jamais de la musique aussi luxuriante. Et c'est peut être aussi bien comme ça...parce que j'aime quand c'est soyeux, charmant voire un peu grandiloquant mais aussi quand ça grince en même temps. Tant de groupes de post-punk (pas le darkos, le rigolo) sont comme ça: Television Personalities, Oh OK, The Homosexuals, 49 Americans ou The Astronauts pour ne citer qu'eux. Les groupes du label néo-zélandais Flying Nun, comme The Clean, The Bats ou Look Blue Go Purple, nous plaisent vachement aussi. Sinon j'ai l'impression que des groupes plus récents comme TOPS, Yumi Zouma, Jaakko Eino Kalevi ou Ariel Pink ont pu influencer d'une manière ou d'une autre la musique qu'on fait. Après, nous, on est vraiment dans une approche assez minimale voire un peu décharnée de la chanson pop.

A tour de rôle, pourriez-vous nous parler chacun d'une chanson spécifique de l'album, comment elle est née, ce qu'elle évoque, ou tout autre chose s'y relatant...

M : Pour la chanson "Boys are B.", j'avais, dans un premier temps, juste la mélodie à la guitare, et j'ai demandé à Nuuskaa P. d'écrire des paroles dessus. Le premier thème qui m'est venu a été la fadeur des hommes que je rencontrais dans une ville qui l'est tout autant, relié à cela nos deux cœurs desséchés qu'on essaie tant bien que mal d'arroser mutuellement, le "B." vient du mot "bland" qui signifie fade en anglais, et c'est en écrivant "Boys are B." sur notre setlist qu'on s'est dit qu'on allait garder le titre comme ça pour laisser libre cours à l'imagination de chacun.

N. : "My beautiful dresses" évoque mon goût pour le travestissement. J'adore porter des robes! Ça fait une dizaine d'année que j'en achète. C'est un vêtement très radical, total. Ça peut être vraiment beau. Et puis c'est tellement confortable! Je trouve dommage que les hommes ne se sentent pas trop autorisés à en porter et résignent à s'habiller en croque-mort insipide. Maudite soit la mode! La chanson fait la description de robes potentielles plus que de robes que j'ai réellement portées, et elles finissent par toutes briller ensemble, dans une sorte de danse folle et joyeuse. J'ai écrit cette chanson il y a plusieurs années, pour un duo qui s'appelait Flirt. C'était notre seule chanson en fait. A chaque répét, on la jouait deux trois fois et après on fumait des joints. Pas très constructif...je suis content qu'elle ait trouvé une seconde vie dans ce nouveau projet et sa place dans cet album.

La question que vous voudriez que l'on vous pose? Et vous pouvez y répondre!

M : Quel est le groupe le plus cool de Clermont-Ferrand?! Les Wendy Darlings voyons!!

N. : Quel est votre instrument préféré? La voix. Et après, c'est le xylophone.

La question "rock'n'folk" : c'est quoi être DIY en 2018?

N. : Et bien, j'ai pas l'impression que ce soit tellement différent qu'en 1981, quand les premiers enregistreurs maisons sont apparus...si? Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, c'est tout faire soi-même. Pour un groupe de musique, c'est répéter à la maison et pas dans un local à 20 balles de l'heure, quitte à s'arrêter aux coups de balai du voisin. S'enregistrer  à la maison (encore) et pas dans un studio. Tout mixer soi-même. Démarcher soi-même les associations, les bars, les squats, les petites salles pour jouer. Réinvestir les thunes des concerts, s'il y en a, pour auto-produire une sortie de disque ou de K7. Faire ses affiches des concerts, les visuels des pochettes d'album, ses t-shirts, ses badges? Ou proposer ça à quelqu'un qu'on sent bien, éventuellement contre un peu de sou, mais qui fera ça par goût et pas pour le pognon. Bon, ce qui est un peu drôle, c'est que vous sortez notre première K7 sur votre label, Lunadélia. Mais c'est un tout nouveau label, et la somme d'argent investie n'est pas énorme. Et puis vous êtes des musiciens, pas des chefs d'entreprises! Mais je reconnais qu'en 10 ans de projets musicaux, c'est bien la première fois que ça m'arrive. Mais c'est bien d'ouvrir le champ des perspectives! Parce que le DIY radical comme je l'ai défini est voué à l'obscurité, ce qui n'est sans doute pas pour me déplaire, mais ça ne favorise pas le partage, qui est pourtant, aussi, la clef de voûte du DIY

M : C'est être avant tout patient! (Référence aux heures laborieuses d'enregistrement!) Non, je pense que c'est aussi de rendre le DIY accessible à tous, je pense notamment à l'association BRUTPOP qui promeut la musique expérimentale à un public en situation de handicap en fabricant eux-mêmes leurs instruments.

Politique ou poétique? Ou les deux? Idéaliste ou matérialiste? Ou les deux?

M : Je crois qu'en ce moment la politique me déprime trop, alors je dirais poétique! Rendons à ce monde un peu de poésie à travers les yeux de nos enfants! Idéaliste à 100%! D'où mon futur métier sûrement, qui est de vouloir trouver des solutions pour les personnes en besoins.

N. : Les deux, mon capitaine! J'adore Paul Eluard, qui voulait changer le monde avec sa poésie délicate. Vouloir faire de l'art en toute sincérité et pas du fric, à notre époque obsédée par la croissance et rongée par le profit, ça tient de l'engagement politique! Sans porter de message clair, nos chansons, par le plaisir et les émotions qu'elles peuvent procurer, peuvent bien remuer celles et ceux qui écouteront. Et puis la démarche très débrouillarde, DIY, justement, est aussi politique. Pour moi, l'idéalisme, c'est une manière de vouloir échapper à la réalité, comme si elle n'était pas assez riche et belle. Je suis pour un matérialisme magique! D'ailleurs, ma tortue s'appelle Démocrite, le premier philosophe qui a conçu que l'univers était constitué d'atomes et de vide, l'inventeur du matérialisme.

En dehors de la musique, d'autres influences? Des livres, des films, une couleur, un tableau, un visage?

M : Régilait! Boire le lait concentré sucré de mon enfance me rappelle chaque jour de garder une âme d'enfant candide et de ne pas tomber dans le monde impitoyable des adultes! Fut un temps j'aurais dit la couleur violette, mais c'est définitivement le bleu, bleu nuit précisément, quelque chose de suave, comme une suite d'accords parfaits d'Elvis à la guitare. S'il y a bien des films qui m'ont marqués, "Gainsbourg, vie héroïque" et le biopic dont je ne me lasserai jamais. Mais je pourrais aussi citer "Submarine", "Blue Velvet", "Blue Jasmine", "Les parapluies de Cherbourg" et "Casanblanca" pour leur BO. Et "Lock Groove Comix", BD de JC Menu sur le lockgroove (=morceau de musique se bouclant sur lui-même et donc infini, sur vinyles), me donne encore plus envie de m'essayer à des phrases musicales qui se répètent.

N. : les Moomins! La bande dessinée la plus belle et la plus intelligente de l'histoire! La poésie française entre 1850 et 1950. Le film "Careful" de Guy Maddin, et "Walden", les journaux filmés-accélérés de Jonas Mekas. Le tableau Bacchus de Cy Twombly, mon peintre favori. Le visage de Claude Melki dans les films de Jean-Daniel Pollet!

Pour terminer: pas d'avion, pas de crash, pas d'île déserte, donc pas la peine de choisir 5 disques à emporter. Ça tombe bien, du coup comme vous êtes tranquille chez vous, les 5 disques dans votre discothèque que vous pourriez jeter à la poubelle (une vraie ou celle de l'ordi)?

M : Désolé pour les fans, mais je vais dire un vinyle de Queen qu'on m'a donné. Un autre dont je ne sais comment il est arrivé chez moi, mais le premier vinyle de Fauve (Horreur!). Jamais je n'aurais cru dire ça mais le dernier album de Beach House et des Arctic Monkeys. Pour finir, je ne dirais pas un album mais la playlist complète de mon coloc! (ne m'en veut pas John...) Sauf si vous aimez le reggaeton!

N. : Ça va paraître prétentieux, mais je n'ai jamais renié les disques que j'ai acheté, car je les écoute encore et je les aime toujours. Comme les disques de Blur, de Pulp et de trip hop, qui ont été mes premiers amours. Si je suis assez lunatique dans la vie, je suis très constant dans mes goûts musicaux. Je vais quand même essayer...je balancerais "In the Court of the Crimson King" de Kink Crimson, qui est loin d'être nul mais quand même trop space-rock pour moi. "Modern Guilt" de Beck, où je me suis dit que le mec devenait rasoir et qu'il fallait que j'arrête d'acheter ses disques comme le fan inconditionnel que j'étais alors. Un disque de Timber Timbre qu'on pote m'a offert et que je n'écoute jamais parce que ça miaule trop et que c'est chiant. Un disque de Martha and the Muffins, que j'ai acheté un peu au pif sur une braderie, parce que j'avais entendu une de leurs chansons que je trouvais chouette, et en fait le disque est nul. Enfin un maxi 45tours de 23 Skidoo, un groupe post-punk britannique bien zarbi. Trouvé chez un disquaire à New York, je pensais avoir déniché une pépite, sans voir que le disque datait de 2000: c'était du funk-rock déguelasse avec une grosse production brillante. Beuuuuurk!



Greetings from the Beloved Ghosts tournent ces temps-ci aux quatre coins de France. Plus d'info par ICI!!!