07 mai 2018

Singin' the Pop art blues


"We stand for pop art clothes, pop art music, and pop art behavior," raconte Pete Townshend en 1965, "We live pop art"

Le leader de The Who, ancien étudiant en art school, devient théoricien du rock et repeint son groupe avec une seconde couche arty. A demi bullshit, sans doute, mais le verre est à moitié plein...comme un prolongement de son obsession MOD à travers laquelle se manifeste son enthousiasme pour la jeunesse de son époque, Peter voit du POP partout, et surtout là où ça fait du bruit et de la casse...ses POP ART DREAMS, avec le recul, font quelque peu écho à un Andy Warhol, un océan plus loin, rêvant Nico, Lou et les autres en Avatars freaks de la Pop culture...but that's another story...

Pete Townshend, donc, go Pete go, qui d'instinct a saisi que le rock est autant affaire de musicalité que d'images et de projections de soi, d'univers...on n'écoute pas une chanson, -ça c'est bon pour le grand/petit frere devenu agent immobilier- NON!..on explore le monde à travers elle///Dans cette nouvelle ère dominée par la publicité et la communication de masse, la Pop, avec une majuscule, devient un materiau permettant à l'artiste d'exprimer un discours sur la mode, la culture, l'artifice, la consomation de masse, leur rapport à l'art, et d'explorer la dichotomie art majeur/mineur. WIZZZZZZ...Arrivent la Drowning Girl de Roy Lichtenstein, les tableaux sérigraphiés iconiques d'Andy Warhol, les chiffres surdimensionés de Robert Indiana, les cibles de Jasper Johns et les illusions optiques en noir et blanc de Bridget Riley...that 60s show, honey....pour les musiciens de cette nouvelle génération c'est l'occasion d'appliquer les nouvelles théories de l'art au monde de la musique. Pete-le-moulinet intellectualise la violence scénique de son gang (Roger D., "Biff! dans ta face ptit con"...Keith M. "Pow! dans la tienne!"...), en faisant de la destruction systématique des instruments, de sa guitare electrique comme de la batterie de Keith "VLAMM!" Moon, et du chaos sonore (dés)organisé, un prolongement des théories sur l'auto-destruction(créatrice) du peintre Gustav Metzke, un de ses professeurs des beaux-arts quelques années plus tôt. M-m-m-m-m-usicalement, il crée avec sa guitare du bruit blanc eLeCTriKKK plein de larsen rappelant tantôt le réacteur d'un avion JJJJJJet, tantôt du code morse BIP BIIIIP ou le bruit du vent hurlAAAAAaaaant... Écouter....ecouter//entre autre/ le vacarme déconstruit du single Anyway Anyhow Anywhere (la maison de disque, au moment du pressage, croyait le master endommagé!)...FAR OUT..
extrait ci-dessous, en live au Richmond Jazz and Blues Festival. Énorme...

d'autres groupes, dans le même temps, développent cette nouvelle conception du son, encore balbutiante, dans laquelle des éléments non-musicaux s'assemblent dans un collage sonore absurde et frondeur, prolongation rock de l'idéal Dada (dans un registre plus mélodique, le yellow submarine des Beatles, et aussi, de manière générale, l'album Sgt Pepper..). ////Visuellement, The Who deviennent donc Pop art: vêtements mods aux couleurs vives, chemises bicolores, formes géométriques, logo de RFA (la fameuse target Mod) sur le t-shirt de Keith Moon, motifs Op art, et le fameux costume de Pete Townshend au couleur du drapeau Britannique...SWINGIN LONDON

Cet engouement pour le Pop art arrive à son paroxysme en 1967 avec l'album THE WHO SELL SOUT. Sur la pochette, le groupe se met en scene en train de vendre divers produits de consommation...surtout, presque toutes les chansons du disques sont liées entre elles par de faux interludes publicitaires musicaux, un clin d'oeil ironique aux rapports plus qu'etroit qu'entretiennent la Pop music et l'industrie...ceci est avant tout un objet de consommation......quelques temps plus tard, Pete Townshend et les siens s'en iront vers des concepts plus adulte, et beaucoup moins excitant - l'époque sera au sérieux!-, est viendra nous faire c**** , ou au mieux nous endormir avec son opera rock Tommy. Heureusement, that's another story baby...





Dans le sillon de The Who, d'autres groupes ont chanté le pop art à leur manière...groupe culte, souvent comparé au groupe de Townshend d'ailleurs, mais ayant eu peu de succès à son époque, sauf en Allemagne, The Creation explore lui aussi cette powerpop Mod rempli de feedback et de powerchords freakbeat-isant (ben ouais) avec des titres définitifs comme Makin' Time, Nightmares et un Painter Man au refrain so catchy racontant l'histoire un brin amusé, et cynique d'un peintre réalisant à regret qu'il ne pourra avoir du succès que dans l'art dit commercial, publicités et comic books..."painter man, painter man, who would be a painterman?" chante Kenny Pickett avec un sourire sardonique....à ses coté Eddie Phillips, qui, sans doute sous l'emprise du malin ou de son coeur pourpre, tire de sa guitare des bruits stridents et innommables à l'aide d'un archet de violon (bien avant ce motherfucker de jimmy page)...leur musique est "red with purple flashes", dixit Eddie Phillips, et, petite touche de happening durant les concerts, ils se livrent à de l'action painting pendant que leurs instruments font un boucan de tout los diablos (Pete Towhshend lui même avait songé à prendre Phillips comme second guitariste dans The Who). extrait fracassant:




Moins connus, certainement moins géniaux que The Who ou même The Creation, The Eyes ont néanmoins gravés quelques titres indispensables comme I'm Rowed Out (très Who-esque d'ailleurs) ou l'irrésistible When The Night Falls. Eux aussi généreux en larsen, ils utilisaient en plus sur scène des boucles d'effets enregistrées sur bandes (bruits de cloche, d'accident...) et porter tous des T-shirts colorés sur lesquels etait imprimé un oeil géant avec leur portrait à l'interieur (sic!)...//Et apparemment ils ne manquaient pas d'humour non plus: en 1966 le groupe sort le single My Degeneration, pendant lubrique et ludique- hautement jouissif- du My Generation de The Who où le chanteur harcèle une jeune femme avec des propositions plus ou moins indécentes avant d'expliquer, petit coquin va, que "it's my d-d-d-degeneration"...! Pas de vidéo d'eux en action malheureusement alors faudra se contenter du son:


CURTAIN
that's all folks

ENCORE:
et en rappel, The Creation...

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